Des archéologues irakiens ont découvert les ruines d’une structure remarquable datant de 5 000 ans, potentiellement un temple de la période d’Uruk – une époque charnière qui a vu l’émergence des premières villes du monde. La découverte, faite sur le site archéologique de Kani Shaie, dans le nord de l’Irak, remodèle notre compréhension de la manière dont les premiers centres urbains interagissaient avec les régions environnantes.
L’importance de Kani Shaie
Situé au pied des monts Zagros, dans le gouvernorat de Sulaymaniyah, Kani Shaie se trouve à environ 480 kilomètres au nord d’Uruk, une distance qui aurait nécessité environ 15 jours de voyage à pied. Jusqu’à présent, son éloignement d’Uruk conduisait les archéologues à le considérer comme un établissement relativement isolé. Cependant, les dernières découvertes suggèrent qu’il faisait partie intégrante d’un vaste réseau culturel et politique couvrant l’ancienne Mésopotamie.
Les fouilles, qui ont débuté en 2013, ont révélé la structure située au sommet d’un monticule de terre. Son style architectural fait allusion à un espace officiel ou « cultuel », éventuellement utilisé pour le culte et les cérémonies. Cette découverte remet considérablement en question les hypothèses antérieures sur le rôle du site au sein de la civilisation d’Uruk au sens large.
Ce que les fouilles ont révélé
La structure remonte à entre 3300 et 3100 avant JC, période marquée par un important développement urbain. Les chercheurs ont mis au jour plusieurs artefacts qui offrent un aperçu de la société qui habitait Kani Shaie :
- Fragments de pendentif en or : Ceux-ci suggèrent des démonstrations de richesse et de statut au sein de la communauté.
- Sceaux cylindriques : Utilisés à des fins administratives et politiques, soulignant la participation de la colonie à un système de gouvernance structuré.
- Cônes muraux : Ces ornements décoratifs, pressés dans du plâtre frais puis peints, créaient des motifs géométriques sur les murs. Leur présence indique fortement que le bâtiment était une structure publique ou cérémonielle.
Comprendre la période d’Uruk : les premières villes du monde
La période d’Uruk est particulièrement importante car elle marque un tournant dans l’histoire de l’humanité. Uruk elle-même (maintenant connue sous le nom de Warka dans le sud de l’Irak) a peut-être été la première véritable ville du monde. Il s’est développé pour englober jusqu’à 80 000 personnes sur 990 acres (400 hectares), présentant un tracé urbain sophistiqué avec des rues en forme de grille et des zones distinctes pour les fonctions administratives, résidentielles et autres.
Les principales innovations et avancées de la période d’Uruk comprennent :
- Écriture cunéiforme : On lui attribue l’invention du premier système d’écriture, utilisé depuis des milliers d’années dans toute la Mésopotamie.
- Chiffres écrits : Développés pour suivre les produits agricoles et autres ressources essentielles.
- Proto-Ziggourats : Premiers précurseurs des structures de temples emblématiques qui deviendront les caractéristiques des civilisations mésopotamiennes ultérieures.
- Iconographie religieuse : Les prêtres se distinguaient par des vêtements spéciaux et des symboles religieux, démontrant un paysage religieux complexe et évolutif.
Un site d’importance permanente
Kani Shaie a été reconnu comme le site archéologique le plus critique à l’est du Tigre pour la compréhension des établissements humains depuis le début de l’âge du bronze jusqu’au 3ème millénaire avant JC. Les preuves de l’occupation humaine remontent à la période chalcolithique (environ 6 500 av. J.-C.) et se poursuivent jusqu’à 2 500 av. D’autres fouilles promettent de découvrir davantage de secrets sur l’aube de la civilisation urbaine et ses interactions complexes entre culture, politique et pratique religieuse. > La découverte remet en question les points de vue existants et ouvre de nouvelles voies pour comprendre les liens entre les premières villes et leurs régions environnantes.





























